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Article | 12 janvier 2022 | Les Echos
2020 avait été l'année du grand décollage de la voiture électrique en Europe. 2021 a confirmé la percée de la batterie sur le Vieux Continent. Selon les toutes premières estimations de l'analyste berlinois Matthias Schmidt, il s'est vendu au total 1,2 million de véhicules 100 % électriques en Europe de l'Ouest l'an dernier. Une progression impressionnante de 64 % par rapport à 2020, année qui elle-même avait enregistré un bond de 144 % par rapport à 2019.
En comptant les hybrides rechargeables (1 million en 2021), le marché de l'électrique a même atteint 2,2 millions d'unités, soit 20,9 % des ventes de voitures neuves en Europe l'an dernier. Une voiture sur cinq.
Les voitures 100 % électriques ont, elles, représenté 11,2 % des ventes sur les 18 premiers marchés ouest européens en 2021, contre 6,7 % en 2020. Cette moyenne annuelle masque en outre une augmentation régulière tout au long de l'année dernière. « Au dernier trimestre, la proportion de BEV [battery electric vehicles 100 % électriques, NDLR] était de 17 %. En décembre, elle a même atteint 20 % ! » relève Matthias Schmidt.
Stimulées par l'offre croissante de modèles, les ventes ont aussi été dopées par des subventions étatiques généreuses sur plusieurs marchés - ce qui a permis de compenser le surcoût toujours élevé des voitures électriques par rapport à leur équivalent thermique. C'est le cas en Norvège, où la pénétration des BEV atteint désormais 65 % grâce au soutien massif de l'Etat, mais aussi en Allemagne, premier marché européen du BEV (13,6 %), au Royaume-Uni (11,6 %) ou en France (9,8 %).
Seul pays où les ventes ont reculé (-12,5 %), les Pays-Bas. « La suppression à venir d'avantages fiscaux pour les entreprises y avait dopé les ventes les années précédentes, et les particuliers y ont attendu la mise en place d'une nouvelle subvention début 2022 », explique Matthias Schmidt. La pénétration des BEV y est toutefois restée proche de 20 %.
Il n'est pas sûr cependant que le boom de l'électrique se poursuivre à un tel rythme. Sans même parler des freins structurels à l'achat de voitures à batterie (surcoût, infrastructure de recharge insuffisante), il ne faut pas oublier que, après une année 2020 marquée par la crise sanitaire, 2021 s'est à nouveau révélée une année atypique.
La pénurie de semi-conducteurs, qui a paralysé certaines lignes de production automobiles, a de fait lourdement pénalisé le marché. Le cabinet LMC Automotive estime que les ventes européennes de voitures neuves sont tombées à 10,6 millions d'unités, contre 14,3 millions entre 2017 et 2019.
De quoi relativiser la pénétration de l'électrique l'an dernier. « Rapportée à une année 'normale', elle ressortirait plutôt à 8,4 % », relativise Matthias Schmidt.
Par ailleurs, la pénurie a conduit les constructeurs à allouer les puces disponibles en priorité aux véhicules les plus rentables, qui sont souvent les plus gros et les plus polluants. « En conséquence, ils ont dû compenser et pousser également les voitures à batteries, pour éviter d'avoir à payer des amendes à Bruxelles sur leurs émissions de CO2 », poursuit l'analyste.
La progression pourrait donc ralentir cette année. Matthias Schmidt estime qu'avec le retour du marché à la normale espéré sur la seconde moitié de l'année, les ventes de voitures thermiques moins polluantes reprendront. Il prévoit en conséquence que la part des BEV ne grimpera qu'à 12,6 % du marché en 2022, avec des ventes à 1,54 million d'unités en 2022, en hausse de 29 % par rapport à 2021. Une croissance dont on se contenterait sur bien des marchés.Ces trois nouveaux modèles qui pourraient changer la donne
Author : ANNE FEITZ
©Les Echos 2022