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Mythes ESG : idée reçue n°5

il y a 3 ans
Nous clôturons notre série de 5 mythes sur l’intégration des critères ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) en abordant un sujet aujourd’hui au cœur de l’actualité : celui de l’absence d’harmonisation des méthodologies de notation et la question de leur fiabilité.

D’après le mythe, les notations ESG ne sont pas fiables. La multiplication des méthodologies de notation ESG, tant au sein des entreprises qu’au niveau des agences de notation, suscite la méfiance des investisseurs qui peuvent considérer qu’ils ne disposent pas d’une information claire pour leur permettre de faire des choix d’investissement selon ce qu’ils recherchent.

Faux : il est vrai qu’il n’existe pas aujourd’hui de méthodologie de notation standardisée, ni de définitions partagées par l’ensemble des parties prenantes du secteur financier. Mais il existe bel et bien des notations fiables, bien que non standardisées, et les initiatives visant à harmoniser les méthodes de notation ESG au niveau européen et international se multiplient.

Au cours des dernières années, les produits, acteurs et approches intégrant les critères ESG n’ont eu de cesse de se multiplier. En 2020, les stratégies dites responsables ont connu une croissance de l’ordre de 20%, bien au-delà des 5% de croissance pour le marché de la gestion collective en Europe1.
Avec cet engouement croissant pour la finance responsable, et sous l’impulsion de l’article 173 de la loi Transition Ecologique et Energétique, les acteurs financiers ont intégré les critères ESG et l’approche du risque climatique dans l’appréciation de leurs actifs existants mais aussi dans leur processus d’investissement pour les nouveaux investissements. Cependant, aucune harmonisation des process n’a accompagné cette tendance.

Au sein des entreprises, on constate une forte disparité entre les méthodologies propriétaires et les reportings ESG. Certaines entreprises optent pour des méthodes quantitatives, best in class2 ou best in universe3, tandis que d’autres font le choix de méthodes plutôt qualitatives, best effort4. Le reporting ESG, document présentant les données des entreprises sur les aspects environnementaux, sociaux et de gouvernance, a pour objectif d’assurer la transparence des entreprises sur ces aspects pour mieux évaluer leur gestion des risques et leur responsabilité vis-à-vis de l’environnement et de ses parties prenantes, mais ici encore, les disparités sur la forme et le fond de ces reportings est frappante.

On note la même disparité du côté des agences de notation. Les fournisseurs de notation divergent sur ce qui doit être mesuré, sur la manière dont les données doivent être saisies et sur l’importance à attribuer à chaque indicateur. Un des exemples les plus illustratifs de ces divergences est celui de Tesla. En effet, certaines agences considèrent qu’il s’agit du seul constructeur de voitures purement électriques, ce qui signifie un faible impact sur l'environnement, contrairement à ses concurrents qui sont encore très dépendants de l’essence ou du diesel. A contrario, ce titre est considéré par d’autres agences comme un mauvais élève en matière d’intégration ESG à cause d’une mauvaise gouvernance, de mauvaises conditions de travail ou d’opérations financières défavorables pour les actionnaires minoritaires.

S’il parait difficile de nier l’hétérogénéité des méthodologies, il faut néanmoins souligner que cet écueil peut être contrebalancé par l’utilisation d’autres référentiels communs, et qu’en attendant une notation standardisée, on peut d’ores et déjà s’appuyer sur d’autres indicateurs fiables.

Les ODD, un possible cadre commun de référence

Article Infographic - Developpment Durable

Adoptés en 2015, les Objectifs de Développement Durable (ODD) constituent le socle d’un programme signé par les 193 Etats membres des Nations Unies. Ces 17 objectifs représentent la vision commune qu’ont les Etats-membres des objectifs de développement globaux de la société mondiale.

De plus en plus de sociétés d’investissement témoignent un intérêt pour les ODD comme cadre de reporting de référence pour la mesure de l’impact environnemental et social de leurs démarches d’investissement responsable. Pour répondre à cette nouvelle demande, certaines agences de notation ont développé une méthodologie de notation ODD. A titre d’exemple, MSCI, un fournisseur d’indices, a lancé en avril 2016 une méthodologie évaluant la conformité des produits et services d’entreprises à sa taxonomie des ODD en lien avec la notation ESG. Suivant la même tendance, Sustainalytics, spécialiste de l’analyse des données extra-financières, évalue depuis début 2018 l’alignement des entreprises analysées sur les ODD.

Des labels de plus en plus exigeants, gage de qualité

Autre moyen de garantir la qualité des approches ISR (Investissement Socialement Responsable), la création des labels. En effet, la labellisation est un outil qui a fait ses preuves sur d’autres marchés, notamment celui de la grande consommation. Ces certifications externes et légitimes sont un outil indispensable pour permettre aux épargnants de différencier les approches réellement responsables de celles se limitant aux arguments marketing.

Le paysage de la labellisation européenne s’enrichit en nombre de fonds et continue à offrir des garanties variées. Avec plus de 1 200 fonds dont une cinquantaine de multi labellisés (au 30 septembre 2020), les investisseurs ont de nouvelles possibilités de choisir des produits ayant fait l’objet d’une certification et d’une vérification par un tiers externe. On peut distinguer deux familles de labels en Europe : les labels ESG et les labels verts. Les premiers doivent garantir que les produits financiers sont construits avec une stratégie ESG. Les seconds sont attribués à des fonds thématiques environnementaux, dits « verts ». À ce dispositif s’ajoute le référentiel belge, Towards Sustainability, un standard de qualité que doivent respecter tous les fonds se revendiquant durables, socialement responsables, ou éthiques, distribués en Belgique.

La France se distingue de ses voisins européens par la détention de deux labels publics, le label ISR pour les fonds revendiquant une stratégie d’ISR et ouvert aux fonds immobiliers depuis l’été 2020, et le label Greenfin pour les fonds thématiques environnementaux.

 Labels ESG

9 labels européens de finance durable, chiffres au 30 septembre 2020, Novethic. 

Un cadre réglementaire strict

Face au succès de la finance verte, et à l’absence de méthodologie commune, les régulateurs appellent à un encadrement des fournisseurs de données et de services extra-financiers. Cela pourrait être l’une des mesures clés de la stratégie renouvelée de la Commission Européenne en matière de finance durable. Ainsi, le 8 mars 2018, la Commission Européenne a présenté un plan d’action sur le financement de la croissance durable, exposant la stratégie envisagée pour l’élaboration d’un projet européen de classification des activités, appelé taxonomie. Cette réglementation européenne qui entrera en vigueur en janvier 2022 constitue un véritable plan d’action pour la finance durable visant à aider les investisseurs et les entreprises à prendre des décisions d’investissement éclairées dans le cadre d’activités économiques respectueuses de l’environnement, en proposant un référentiel d’activités durables à l’échelle européenne.

Autre initiative européenne, le règlement sur la publication d’informations en matière de durabilité (SFDR), dit « Disclosure », entrera en vigueur le 10 mars. C’est un pas important dans le cadre du Green Deal de la Commission européenne qui plante le décor pour les prochaines régulations « vertes ». Cette initiative introduit une série de nouvelles définitions (investissements durables, risques de durabilité et facteurs de durabilité) et crée de nouvelles exigences de transparence concernant les investissements et les produits financiers proposés.

Avec ces deux initiatives, la Commission européenne s’attaque au chantier de la standardisation du reporting extra-financier. 

Au niveau international, face à cette abondance accrue de standards, l’Organisation internationale des commissions de valeurs (OICV) – qui rassemble de nombreuses agences de régulation des valeurs mobilières mondiales – a déclaré, le 7 septembre 2020, qu’elle allait engager un travail pour harmoniser les innombrables règles régissant la manière dont les entreprises communiquent les risques liés au développement durable. L’OICV a donc créé un groupe de travail, qui s’emploiera à traduire les standards du monde entier sous une forme plus cohérente, plus transparente et plus normalisée. Ce groupe examinera également les démarches de greenwashing dans la gestion d’actifs, la méthodologie des agences de notation de crédit et des fournisseurs d’indices dans l’émission de notations ESG, ainsi que leurs dispositifs de surveillance. L’OICV envisage de finaliser ses travaux d’ici à octobre 2021.

Des perspectives encore plus prometteuses pour un notation ESG harmonisée

Enfin, il faut souligner que l’année 2021 s’ouvre sur un évènement hautement symbolique pour l’investissement responsable : le retour des Etats-Unis dans l’accord de Paris sur le climat, annoncé par le nouveau président américain Joe Biden le jour de son investiture. Cette signature laisse présager une montée en puissance de l’intégration des critères ESG encore plus importante, dans l’ensemble de l’industrie financière américaine, entrainant ainsi un besoin d’alignement et de convergence des normes et des réglementations dans le futur immédiat.

Autre preuve d’une convergence prochaine, on note aujourd’hui une tendance des agences de notation à se regrouper (rachat de Sustainalytics par Morningstar ; rachat de Trucost par S&P). Cette concentration des acteurs devrait mener elle aussi vers un alignement des données et vers des méthodologies de plus en plus standardisées. 

Il s’agit d’autant d’initiatives qui témoignent de la volonté des investisseurs et des acteurs réglementaires de développer la méthodologie la plus commune possible. De cette disponibilité de données extra-financières cohérentes dépendra la création de valeur au cours des mois et des années à venir. 

Nous clôturons notre série de 5 mythes sur l’intégration des critères ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) en abordant un sujet aujourd’hui au cœur de l’actualité : celui de l’absence d’harmonisation des méthodologies de notation et la question de leur fiabilité

D’après le mythe, les notations ESG ne sont pas fiables. La multiplication des méthodologies de notation ESG, tant au sein des entreprises qu’au niveau des agences de notation, suscite la méfiance des investisseurs qui peuvent considérer qu’ils ne disposent pas d’une information claire pour leur permettre de faire des choix d’investissement selon ce qu’ils recherchent.

En 2020, les stratégies dites responsables ont connu une croissance de l’ordre de 20%, bien au-delà des 5% de croissance pour le marché de la gestion collective en Europe¹.

Avec cet engouement croissant pour la finance responsable, et sous l’impulsion de l’article 173 de la loi Transition Ecologique et Energétique, les acteurs financiers ont intégré les critères ESG et l’approche du risque climatique dans l’appréciation de leurs actifs existants mais aussi dans leur processus d’investissement pour les nouveaux investissements. Cependant, aucune harmonisation des process n’a accompagné cette tendance.

 

Au sein des entreprises, on constate une forte disparité entre les méthodologies propriétaires et les reportings ESG. Certaines entreprises optent pour des méthodes quantitatives, best in class² ou best in universe³, tandis que d’autres font le choix de méthodes plutôt qualitatives, best effort&sup4;. Le reporting ESG, document présentant les données des entreprises sur les aspects environnementaux, sociaux et de gouvernance, a pour objectif d’assurer la transparence des entreprises sur ces aspects pour mieux évaluer leur gestion des risques et leur responsabilité vis-à-vis de l’environnement et de ses parties prenantes, mais ici encore, les disparités sur la forme et le fond de ces reportings est frappante.

On note la même disparité du côté des agences de notation. Les fournisseurs de notation divergent sur ce qui doit être mesuré, sur la manière dont les données doivent être saisies et sur l’importance à attribuer à chaque indicateur. Un des exemples les plus illustratifs de ces divergences est celui de Tesla. En effet, certaines agences considèrent qu’il s’agit du seul constructeur de voitures purement électriques, ce qui signifie un faible impact sur l'environnement, contrairement à ses concurrents qui sont encore très dépendants de l’essence ou du diesel. A contrario, ce titre est considéré par d’autres agences comme un mauvais élève en matière d’intégration ESG à cause d’une mauvaise gouvernance, de mauvaises conditions de travail ou d’opérations financières défavorables pour les actionnaires minoritaires.

S’il parait difficile de nier l’hétérogénéité des méthodologies, il faut néanmoins souligner que cet écueil peut être contrebalancé par l’utilisation d’autres référentiels communs, et qu’en attendant une notation standardisée, on peut d’ores et déjà s’appuyer sur d’autres indicateurs fiables

Adoptés en 2015, les Objectifs de Développement Durable (ODD) constituent le socle d’un programme signé par les 193 Etats membres des Nations Unies. Ces 17 objectifs représentent la vision commune qu’ont les Etats-membres des objectifs de développement globaux de la société mondiale. 

De plus en plus de sociétés d’investissement témoignent un intérêt pour les ODD comme cadre de reporting de référence pour la mesure de l’impact environnemental et social de leurs démarches d’investissement responsable. Pour répondre à cette nouvelle demande, certaines agences de notation ont développé une méthodologie de notation ODD. A titre d’exemple, MSCI, un fournisseur d’indices, a lancé en avril 2016 une méthodologie évaluant la conformité des produits et services d’entreprises à sa taxonomie des ODD en lien avec la notation ESG. Suivant la même tendance, Sustainalytics, spécialiste de l’analyse des données extra-financières, évalue depuis début 2018 l’alignement des entreprises analysées sur les ODD.

Autre moyen de garantir la qualité des approches ISR (Investissement Socialement Responsable), la création des labels. En effet, la labellisation est un outil qui a fait ses preuves sur d’autres marchés, notamment celui de la grande consommation. Ces certifications externes et légitimes sont un outil indispensable pour permettre aux épargnants de différencier les approches réellement responsables de celles se limitant aux arguments marketing.

Le paysage de la labellisation européenne s’enrichit en nombre de fonds et continue à offrir des garanties variées. Avec plus de 1 200 fonds dont une cinquantaine de multi labellisés (au 30 septembre 2020), les investisseurs ont de nouvelles possibilités de choisir des produits ayant fait l’objet d’une certification et d’une vérification par un tiers externe. On peut distinguer deux familles de labels en Europe : les labels ESG et les labels verts. Les premiers doivent garantir que les produits financiers sont construits avec une stratégie ESG. Les seconds sont attribués à des fonds thématiques environnementaux, dits « verts ». À ce dispositif s’ajoute le référentiel belge, Towards Sustainability, un standard de qualité que doivent respecter tous les fonds se revendiquant durables, socialement responsables, ou éthiques, distribués en Belgique.

La France se distingue de ses voisins européens par la détention de deux labels publics, le label ISR pour les fonds revendiquant une stratégie d’ISR et ouvert aux fonds immobiliers depuis l’été 2020, et le label Greenfin pour les fonds thématiques environnementaux.

Face au succès de la finance verte, et à l’absence de méthodologie commune, les régulateurs appellent à un encadrement des fournisseurs de données et de services extra-financiers. Cela pourrait être l’une des mesures clés de la stratégie renouvelée de la Commission Européenne en matière de finance durable. Ainsi, le 8 mars 2018, la Commission Européenne a présenté un plan d’action sur le financement de la croissance durable, exposant la stratégie envisagée pour l’élaboration d’un projet européen de classification des activités, appelé taxonomie. Cette réglementation européenne qui entrera en vigueur en janvier 2022 constitue un véritable plan d’action pour la finance durable visant à aider les investisseurs et les entreprises à prendre des décisions d’investissement éclairées dans le cadre d’activités économiques respectueuses de l’environnement, en proposant un référentiel d’activités durables à l’échelle européenne.

Autre initiative européenne, le règlement sur la publication d’informations en matière de durabilité (SFDR), dit « Disclosure », entrera en vigueur le 10 mars. C’est un pas important dans le cadre du Green Deal de la Commission européenne qui plante le décor pour les prochaines régulations « vertes ». Cette initiative introduit une série de nouvelles définitions (investissements durables, risques de durabilité et facteurs de durabilité) et crée de nouvelles exigences de transparence concernant les investissements et les produits financiers proposés.

Avec ces deux initiatives, la Commission européenne s’attaque au chantier de la standardisation du reporting extra-financier.

Au niveau international, face à cette abondance accrue de standards, l’Organisation internationale des commissions de valeurs (OICV) – qui rassemble de nombreuses agences de régulation des valeurs mobilières mondiales – a déclaré, le 7 septembre 2020, qu’elle allait engager un travail pour harmoniser les innombrables règles régissant la manière dont les entreprises communiquent les risques liés au développement durable. L’OICV a donc créé un groupe de travail, qui s’emploiera à traduire les standards du monde entier sous une forme plus cohérente, plus transparente et plus normalisée. Ce groupe examinera également les démarches de greenwashing dans la gestion d’actifs, la méthodologie des agences de notation de crédit et des fournisseurs d’indices dans l’émission de notations ESG, ainsi que leurs dispositifs de surveillance. L’OICV envisage de finaliser ses travaux d’ici à octobre 2021.

Enfin, il faut souligner que l’année 2021 s’ouvre sur un évènement hautement symbolique pour l’investissement responsable : le retour des Etats-Unis dans l’accord de Paris sur le climat, annoncé par le nouveau président américain Joe Biden le jour de son investiture. Cette signature laisse présager une montée en puissance de l’intégration des critères ESG encore plus importante, dans l’ensemble de l’industrie financière américaine, entrainant ainsi un besoin d’alignement et de convergence des normes et des réglementations dans le futur immédiat.

Autre preuve d’une convergence prochaine, on note aujourd’hui une tendance des agences de notation à se regrouper (rachat de Sustainalytics par Morningstar ; rachat de Trucost par S&P). Cette concentration des acteurs devrait mener elle aussi vers un alignement des données et vers des méthodologies de plus en plus standardisées.

Il s’agit d’autant d’initiatives qui témoignent de la volonté des investisseurs et des acteurs réglementaires de développer la méthodologie la plus commune possible. De cette disponibilité de données extra-financières cohérentes dépendra la création de valeur au cours des mois et des années à venir.


¹ Source : Candriam, décembre 2020
² Best-in-class : sélection des émetteurs ayant les meilleures pratiques ESG au sein de leur secteur d’activité. Cette approche inclut l’ensemble des secteurs de l’économie.
³ Best-in-universe : sélection des émetteurs ayant les meilleures pratiques ESG indépendamment de leur secteur d’activité.
&sup4; Best effort : sélection des émetteurs démontrant une amélioration de leurs pratiques ESG dans le temps.

L’équipe de gestion Achevé de rédiger le 21 janvier 2021


*La société de gestion Architas France déploie l’offre AXA Private Management dédiée à la clientèle privée d’AXA. Gestion Privée d’AXA France – Septembre 2020

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