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Comment les Bourses ont digéré les crises géopolitiques par le passé

il y a 2 ans
Annexion de la Crimée en 2014, invasion de l'Irak, attaques terroristes du 11 septembre 2001 ou encore Guerre du Golfe : les marchés financiers ont traversé de nombreuses crises géopolitiques ces dernières années. Des épisodes de tension qui ont certes pesé sur les cours, mais jamais de manière durable.

Après des semaines de préparatifs militaires, de missions diplomatiques et d'incertitudes qui ont mis sens dessus dessous les marchés financiers, la Russie a finalement franchi le Rubicon dans la nuit de lundi à mardi. Les forces armées russes ont fait leur entrée sur le territoire contrôlé par les séparatistes ukrainiens des régions de Donetsk et de Louhansk dans l'est du pays après la reconnaissance de leur indépendance par Moscou.

Paradoxalement - certains diront cyniquement -, l'incursion des troupes russes dans le Donbass pourrait permettre aux marchés de retrouver un peu de visibilité et de repartir de l'avant. Les investisseurs détestent l'incertitude. Jusqu'à présent, toutes les options étaient sur la table, y compris les scénarios les plus noirs. Désormais, les risques se concrétisent, et les hypothèses laissent place à la réalité des faits.

Des paniques boursières éphémères

C'est en tout cas un déroulé typique des précédentes crises géopolitiques sur les marchés financiers. Qu'il s'agisse de l'annexion de la Crimée en 2014, de la guerre en Irak ou des attentats terroristes du 11 septembre 2001, « les paniques boursières liées à des conflits militaires n'ont pas fait long feu », rappelle Emmanuel Cau de Barclays. « Au cours de chacun de ces événements, les actions ont chuté immédiatement après le début du conflit, mais ont terminé généralement en hausse six mois plus tard », détaille-t-il.

Un constat partagé par les stratégistes de LPL Financial. Ils ont observé la réaction de Wall Street lors de différents épisodes de tensions géopolitiques, à partir d'une base de données plus étoffée. Celle-ci inclut des attentats terroristes en Europe, le conflit syrien, et même l'attaque surprise contre Pearl Harbor durant la Seconde guerre mondiale. Sur la vingtaine d'événements compilés, l'indice américain S & P 500, le plus large de Wall Street, a perdu en moyenne 5 %. Il lui aura fallu moins de 50 jours en moyenne pour retrouver son niveau d'avant-crise.

Une part de risque est déjà reflétée par les cours

Un facteur à prendre en compte est la tendance des investisseurs à se projeter dans l'avenir. De fait, avant même que les troupes russes n'aient fait leur entrée dans le Donbass, les marchés avaient déjà intégré une partie du risque. Les stratégistes de Goldman Sachs ont ainsi cherché à mesurer l'impact des tensions récentes sur les places boursières.

Résultat, les marchés européens, représentés par l'Eurostoxx 600, intègrent déjà une décote de plus de 8 %. La décote est similaire sur le Nasdaq, de près de 7 % pour les marchés émergents et d'environ 6 % sur le S & P 500. A l'inverse, le prix de l'or reflète une prime de risque de 5 % et celui du pétrole de 12 %.

La menace d'une invasion majeure

Le pire n'est pas forcément écarté, pour les marchés. « Il reste à voir si cette reconnaissance [de l'indépendance des régions séparatistes] est un tremplin vers une invasion majeure de l'Ukraine par les forces russes, comme ont mis en garde les dirigeants occidentaux ces dernières semaines, ou si un nouveau statu quo fragile se dessine », souligne Mark Haefele d'UBS.

Dans un scénario noir, les marchés européens pourraient encore chuter de 10 %, estime Goldman Sachs, et le pétrole grimper de 13 %. Or quand il y a des tensions sur l'énergie, l'impact des crises géopolitiques tend à être plus durable. Après l'invasion du Koweït par l'Irak, le S & P 500 avait chuté de près de 17 %, et il lui avait fallu plus de six mois pour s'en remettre.

Aussi, tant que la menace d'une invasion de grande ampleur de l'Ukraine reste d'actualité, il sera difficile aux investisseurs de reprendre vraiment confiance : le spectre d'une crise énergétique majeure en Europe continuera de projeter son ombre sur les marchés.


© Les Echos 2022

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